& les Chroniques
Express
Superdrone
"Solargaze"
DATES | Sorti le 24 juin 2020 | Publié le jeudi 23 juillet 2020
ET ALORS | "Solargaze", le quatrième album du duo anglais Superdrone est une véritable bombe lancée à mille à l’heure en direction du soleil, dans laquelle chaque titre sonne comme un single potentiel qui nous renvoie à l’époque d’insouciance collective du début des 90s, en pleine période baggy de Madchester, laquelle vit émerger entre autres The Charlatans et les Stone Roses. Dans sa version du futur, celle de Superdrone, l’on parle de néo-psychédélisme, et aux couches de guitares psychédéliques s’ajoutent toujours une rythmique un brin funky, ainsi que des tonnes d’effets aériens, des riffs et des refrains intemporels ("Bitter", "Face Me"). Il n’y a aucun doute possible : cette musique-là est un efficace antidépresseur universel et forcément très addictif. À chaque nouvelle écoute se dévoile un peu plus le talent mélodique des deux compères qui citent volontiers Ride, Tame Impala, Stone Roses, Cocteau Twins, The Telescopes et The Cure comme héros. Après l’écoute de "Today" qui clot le disque, on ne souhaite plus qu’une chose : voir exploser la notoriété de ces Superdrone qui préfèrent regarder en direction du soleil que contempler leurs chaussures.
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16/20
VAR
"The Never-Ending Year"
DATES | Sorti le 24 avril 2020 | Publié le mardi 26 mai 2020
POURQUOI | Nom | Titre | Islande
ET ALORS | Ayons l’honnêteté de l’écrire : même si le groupe islandais VAR s’est formé en 2014, nous le découvrons seulement aujourd’hui lors de la sortie de son troisième album qui ne quitte plus notre iPod. Bien sûr, la comparaison avec Sigur Ros est évidente à bien des égards : de par l’origine géographique du groupe tout d’abord, ainsi que par le timbre et le chant de Julius Ottar Björgvinsson, très proches de ceux de Jonsi. Mais il y a surtout ici une mélancolie belle et sincère, touchante de vérité, qui mêlée aux expérimentations des huit chansons plus indie que post-rock qui composent "The Never-ending Year", se trouve sublimée par ces guitares délicates (parfois) au son gros comme ça (souvent). Le motif répétitif au piano de "Drowning", le jeu de batterie spectaculaire de "Highlands", les nappes de synthés sobres là où elles sont absolument nécessaires, habillent d’un voile solennel des compositions plus complexes qu’il n’y paraît, et proposent en somme une poésie à fleur de peau de très grande facture dont on ne peut se défaire. A découvrir de toute urgence.
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PRÉMO
16/20
Black Nail Cabaret
"Gods Verging On Sanity"
DATES | Sorti le 8 mai 2020 | Publié le lundi 11 mai 2020
ET ALORS | Nous avions découvert le duo Black Nail Cabaret lors de la sortie de son troisième album "Dichromat" fin 2016. À l’époque, le groupe hongrois venait de subir un changement majeur puisque Zsophia Tarr, co-fondatrice du duo jusqu’alors féminin, laissait sa place à Kristian Arvai, compagnon de la chanteuse Emese Arvai-Illes. Aujourd’hui le couple a déménagé à Londres et n’a rien perdu de ce qui nous avait fasciné quatre ans plus tôt. Il y a toujours cette voix, unique, franchement hypnotisante, que nous avions découverte sur "Mine" d’Architect, et entendue très récemment sur "The Great Derailer" d’Attrition. Le groupe excelle dans l’art de produire ce qu’il appelle de la "Pseudopop", un terme qui a d’ailleurs donné son titre à leur précédent disque ; de la pop, certainement, mais traitée au noir absolu, et d’un lyrisme peu commun. D’ailleurs, signe d’une notoriété grandissante, le groupe devait sillonner l’Allemagne en compagnie de Covenant ce printemps avant que le monde ne se place en quarantaine. Ce sera donc pour la rentrée, et avec un telle affiche, on espère des dates chez nous.
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15/20
Promenade Cinema
"Exit Guides"
DATES | Sorti le 20 mars 2020 | Publié le lundi 27 avril 2020
POURQUOI | Nom | Synthpop | Sheffield | Pochette
ET ALORS | Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Emma Barson et Dorian Cramm ont mis le paquet pour leur second album de cinedramatic synthpop comme ils aiment qualifier leur propre musique. Les ambiances qui se succèdent sont variées, alternant entre superproductions ("She’s an Art", "Nothing Nouveau") et réalisations plus solennelles et confidentielles ("After The Party, It’s Over"), pour un résultat d’une cohérence parfaite du début à la fin. L’atout majeur de ce duo venu de Sheffield est évidemment cette voix puissante que les synesthètes traduiraient probablement par une couleur flamboyante ; posé sur une électropop en gris foncé, le chant d’Emma insuffle le supplément de magie nécessaire aux machines pour donner vie à ces chansons que l’on devine toutes plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord. On y aime la richesse des compositions et des arrangements, sans oublier ce panache omniprésent qui rappelle d’autres formations contemporaines telles que Black Nail Cabaret ou Pocket Knife Army. S’il fallait vous convaincre par un seul titre, ce serait "Nothing Nouveau" qui résume à lui tout seul la force de frappe et l’amusante mixité linguistique d’un groupe que nous allons désormais suivre de près.
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15/20
Dead Horse One
"The West Is the Best"
DATES | Sorti le 22 novembre 2019 | Publié le lundi 6 avril 2020
POURQUOI | Indie Rock | France
ET ALORS | Vous ne les connaissez peut-être pas encore, et pourtant "The West Is the Best" est déjà le troisième album de Dead Horse One, un groupe français basé à Valence dont on ne trouvera pas meilleure définition à leur son que le titre même de leur premier EP paru en 2012 : "Heavenly Choirs of Jet Engines". Toutes guitares dehors et avec le plus gros son possible, véritable maelström d'effets sur lequel vient surfer en toute décontraction un chant masculin et éthéré avec ses mélodies tombées du ciel, en apesanteur. Ce nouveau disque est un bijou shoegaze/noise dans lequel les influences que nous aimons tant se mélangent comme les ingrédients dans un blender à l'heure de préparer un smoothie gourmand : My Bloody Valentine, Ride, les Boo Radleys d'avant "Wake Up" et tant d'autres. On y ajoute tout ce qu'on adore pour un résultat plein de douceur sans oublier la cerise sur la chantilly particulièrement allégée de "Gaze" et "Saudade", puisque c'est Mark Gardener de Ride qui a mixé l'album du début à la fin, s’il vous plaît, d’où cette finesse incroyable et inattendue pour un résultat bluffant.
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15/20
2Kilos &More
"Exempt"
DATES | Sorti le 12 février 2020 | Publié le lundi 23 mars 2020
POURQUOI | Ant-Zen | Pochette | France
ET ALORS | C’est éclatés sur la pochette de leur déjà cinquième album studio qu’apparaissent Séverine Krouch et Hugues Villette : nous étions habitués à les voir de dos ou grimpés dans les arbres, cette fois il sont tout simplement démembrés ! À la première les guitares, au second les parties rythmiques, la composante électronique est quant à elle partagée afin de cimenter des compétences mixtes et complémentaires à l’origine de cet unique subtil dosage d’electronica et de post-rock instrumental que l’on retrouve du début à la fin d’"Exempt". Le duo français reçoit bien entendu une fois de plus la visite de l’ami poète américain Black Sifichi qui en profite pour commencer par s’allumer une cigarette en trois tours de molette de briquet. Il y a toujours cette économie dans la forme, celle qui donne aux compositions de 2Kilos &More leur aspect de matériau très brut et leur confère une part d’authenticité, lesquelles apparaissent dès lors à l’opposé des flamboyances de Meta Meat, l’autre duo que Hugues forme avec Phil Von. Et si aujourd’hui trois labels de qualité sont impliqués pour la sortie du CD, du LP et la diffusion de la version digitale, c’est que cette fois c’est la bonne, on vous le garantit.
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15/20
Bedroom Eyes
"Nerves"
DATES | Sorti le 31 octobre 2019 | Publié le mercredi 26 février 2020
POURQUOI | Pochette | Shoegaze
ET ALORS | La pochette a elle seule aurait pu faire passer ce "Nerves" pour le disque de rock gothique qu’il n’est absolument pas. Les membres de Bedroom Eyes le définissent plutôt comme de l’heavy shoegaze, et l’on adhère bien volontiers à cette étiquette qui semble inventée pour qualifier le troisième album du groupe de Boston. On adore se laisser happer par cette brume sonore parfois indistincte, qui nous met dans le même état que lorsque l’on essaie de se rappeler un rêve sans y arriver complètement, dans lequel on se souviendra pourtant, par flashs, d’y avoir rencontré les guitares malmenées de My Bloody Valentine, le chant de Ride et la section rythmique d’Amusement Parks on Fire. Était-ce les uns après les autres ou plutôt tous ensemble ? Ce n’est plus très clair, mais peu importe : la fougue du quatuor fera le reste tout au long de ces douze titres bouillonnants et passionnés, guidés par un savoir faire peaufiné depuis le premier enregistrement de 2012 et indispensable à la réalisation d’une telle collection de chansons fiévreuses.
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13/20
Deserta
"Black Aura My Sun"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le jeudi 30 janvier 2020
POURQUOI | Pochette | Dreampop | Shoegaze
ET ALORS | À dire vrai, nous ne l’avons pas découvert par hasard mais nous attendions bel et bien ce mystérieux "Black Aura My Sun" depuis qu’un titre nous avait mis sur sa piste à la fin de l’automne. La bio nous apprends aujourd'hui qu'il s’agit du tout premier album du nouveau projet shoegaze/dream pop de Matthew Doty, entre autres multi-instrumentiste au sein de Saxon Shore, dont les productions donnent plutôt dans le post rock. Et c’est en solo que le musicien a choisi d’emmener Deserta vers des contrées que nous connaissons bien, armé de mélodies ouatées, d’un chant murmuré, accompagné d’une boîte à rythmes volontairement typée aux motifs peu compliqués. Et c’est dans l’habillage sonore que tout va se jouer, puisque l’on croise au gré des chansons les guitares des Cocteau Twins, les tempêtes shoegaze de Slowdive ainsi que le "Saturdays = Youth" de M83 pour quelques titres, le tout dissimulé derrière les trouvailles de l’Américain. Et des trouvailles il y en a, comme ce riff de guitare un rien sadique sur "Hide" qui rappelle la roulette du dentiste. L’année démarre à peine que nous avons déjà un classique de 2020 entre les oreilles, à écouter sans aucune retenue d’autant que le disque comporte seulement sept titres.
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15/20
Anna Morley
"Visceral"
DATES | Sorti le 29 novembre 2019 | Publié le mercredi 22 janvier 2020
ET ALORS | "Visceral" est le déjà cinquième album de la multi-instrumentiste australienne Anna Morley qui s’est installée à Berlin, et c’est également une sortie complètement inattendue de la part d’un label tel qu’Ant-Zen auquel est confié la distribution de sa version digitale. Et pour cause : tout n’y est que vibraphone, piano, melodica, ukulele, violon et contre-basse ! Reconnaissez tout de même que l’on est à l’opposé des territoires habituels du label allemand puisqu’ici nous sommes en pleine excursion néo-classique, avec un disque à la chaleur rassurante voire carrément bienveillante, sur lequel les instruments semblent tout juste pincés voire caressés. Les compositions libèrent une sensualité que l’on ne rencontre que rarement, pourtant déjà croisée sur les disques de la compositrice Zinovia Arvanitidi. Plutôt qu’à notre cerveau, c’est à nos tripes que parle le bien nommé "Visceral", que l’on trouvera apaisant et gorgé de plénitude à chaque écoute.
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13/20
In The Nursery
"The Seashell and the Clergyman"
DATES | Sorti le 25 octobre 2019 | Publié le mercredi 15 janvier 2020
POURQUOI | In The Nursery
ET ALORS | C’est déjà le neuvième volume de l’Optical Music Series d’In The Nursery, cette fameuse discographie dédiée aux bandes originales de films anciens imbriquée à l’intérieur même de la discographie principale du groupe de Sheffield, débutée en 1995 avec "The Cabinet of Doctor Caligari". "The Seashell and the Clergyman" propose une musique inédite au court métrage muet réalisé par la Française Germaine Dulac en 1928, "La Coquille et le Clergyman". Bien moins barrée que la bande son originale, elle apaise plutôt le propos d’un film expérimental et surréaliste, entre rêve et cauchemar. Si la plus angoissante de toutes les créations de Klive et Nigel Humberstone était celle qu'ils avaient imaginée pour "The Fall of the House of Usher", celle-ci serait à considérer comme la plus excentrique, allant jusqu'à tirer des notes à l'aide d'un énorme coquillage. Et c’est aussi la plus courte : avec moins de quarante minutes au compteur, elle va droit au but sans trainer les multiples variations de thèmes habituelles que l'on rencontrait sur les précédents épisodes qu'a réalisé le duo.
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13/20
FILTRES | e | Bertrand Hamonou